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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/105

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ANALYSES.ch. mercier. Sanity and Insanity..

tement si réellement la menstruation normale ou pathologique peut être la seule cause de l’aliénation ; d’ailleurs ce qui semble bien prouver que la période menstruelle n’est que la cause occasionnelle du trouble psychique, c’est que celui-ci ne revêt pas une forme spéciale et que l’on peut trouver tous les genres, depuis la cleptomanie, la nymphomanie jusqu’à ce que M. Icard appelle le délire religieux. Je ferai remarquer que la classification et la terminologie psychiatriques dont se sert M. Icard ne sont pas très bonnes, car il emploie encore le nom de monomanie, et, sous le nom de délire religieux, il comprend des formes très opposées, la mélancolie et le délire systématisé primitif qui n’ont de commun qu’une teinte religieuse quand elle existe.

Il aurait fallu, ce que n’a pas fait l’auteur, rechercher s’il n’y aurait pas, dans les symptômes purement mentaux, quelque chose de spécial qui révélerait l’origine menstruelle du trouble psychique ; il aurait fallu aussi faire un chapitre de pronostic spécial.

L’absence de ces deux points semble bien montrer (sans que M. Icard le veuille) que l’état menstruel ne doit, pas plus que l’état puerpéral proprement dit, être regardé comme la cause véritable de l’aliénation.

P. C.

Charles Mercier, Sanity and insanity. Londres, Walter Scott, 1890.

Qu’est-ce en soi que la folie ? Telle est la question que se pose l’auteur et à laquelle il tente de répondre, en remarquant que personne n’a encore songé à l’aborder. Il a surtout en vue le general reader, à qui il est bon de montrer que le fou n’est pas un individu hagard, gesticulant, criant ou parlant par paraboles ; mais bien un homme qui ne diffère pas essentiellement de chacun de nous.

Après un exposé rapide de la structure du système nerveux, M. Mercier, suivant son programme, nous expose sa manière de concevoir l’esprit à l’état normal. Les phénomènes mentaux sont constamment accompagnés par des phénomènes nerveux, non réductibles les uns aux autres, mais parallèles, les uns suivant les autres, « comme les mouvements de son ombre accompagnent les mouvements d’un homme ». « L’idée d’un mouvement n’est pas dans le centre (cortical) ; elle n’est pas dans les cellules ; elle n’est pas dans les fibres. Elle n’est pas empêtrée dans un processus matériel ; elle n’existe dans aucune place. Lorsque le centre se met en action, une idée naît et c’est tout ce que nous savons. » Mais il n’y a pas de pensée sans un processus nerveux, et ce processus nerveux est un peu différent suivant le degré de conscience. Le processus nerveux qui s’accompagne d’un état conscient faible se forme dans un « canal » nerveux déterminé, tandis que celui qui accompagne un état plus intense de la conscience s’échappe hors de son canal dans la substance grise environnante.