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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/111

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ANALYSES.a. menza. Faust e Giobbe.

en est de même entre la sensibilité, l’irritabilité et l’excitabilité. Siciliani, tout en refusant d’accorder que la psychologie et la sociologie ne sont que deux chapitres de la biologie, eut le grand mérite d’avoir magnifiquement démontré que la psychologie, pour devenir science, devra être essentiellement comparative, devra expliquer la genèse et l’évolution de la pensée, devra, en un mot, être une psychogenèse. On se rappelle, d’ailleurs, qu’un des premiers et des meilleurs livres de M. Siciliani, dont il a donné une édition remaniée en 1882, avait précisément pour titre : De la psychogenèse (psicogenia).

Dans M. Siciliani pédagogue, l’auteur trouve autant à louer qu’à reprendre. Il n’admet pas que M. Siciliani ait inauguré, comme il le prétendait, la pédagogie scientifique en Italie. Son jugement est d’ailleurs trop sommaire, contrairement à ce qu’annonçait le titre du chapitre. Il se borne à dire que l’Histoire de la pédagogie est peut-être la meilleure qu’on ait en Italie. Il oublie de nous parler de celle de M. Compayré, qui est bel et bien maintenant, grâce à M. Valdarnini, un livre, et un excellent livre italien.

M. Scaglione annonce, comme devant prochainement paraître, un livre ayant pour titre : les Pédagogues contemporains, italiens et étrangers. C’est là que nous lui verrons sans doute juger plus amplement l’œuvre de M. Siciliani. C’est par là aussi que nous le jugerons décidément lui-même, car son présent livre n’est qu’un essai et qu’une promesse.

Bernard Perez.

A. Menza. Faust e Giobbe, 82 pages in-12. Catania, Martinez edit., 1888.

Voici une de ces études de critique tout à la fois littéraire, philosophique et sociale, dont M. Janet et plus particulièrement M. Arréat nous ont offert des exemples très remarqués. L’auteur s’est proposé d’établir les relations et la parenté qu’ont entre eux le Faust de Goethe et le Giobbe (Job) de son compatriote Rapisardi ; d’étudier ces deux poèmes au point de vue historique, scientifique et esthétique. C’est là une des applications possibles de la philosophie expérimentale à la critique littéraire. La question de la valeur de la vie fait le fond de cette intéressante enquête. C’est surtout la conclusion qui doit ici nous arrêter quelques instants.

Faust et Job aboutissent l’un et l’autre au néant de la science humaine. Mais Goethe trouve dans le doute l’explication de ses doctrines, et, du spectacle de la faiblesse et de la misère humaines, il tire des motifs de moquerie, d’orgueil et d’égoïsme. Au contraire, le doute de Rapisardi est fécond ; il excite à de nouvelles recherches et à de nouvelles découvertes. Rapisardi est pessimiste par volonté et non