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ANALYSES.pilzecker. Théorie de l’attention sensorielle

Retenons bien cette conclusion, et répétons à nos poètes, à leur orgueilleuse tristesse, que leur désespérance vient avant tout de leur ignorance relative ; que, si un peu de philosophie, et surtout de vieille philosophie, éloigne de l’optimisme, beaucoup de philosophie, de philosophie positive, y ramène.

Bernard Perez.

A. Pilzecker. Die Lehre von der sinnlichen Aufmerksamkeit (Théorie de l’attention sensorielle), in-8o. München, Staub, 84 p.

Une bonne partie de cette dissertation inaugurale pour le doctorat est consacrée à une étude historique et critique des théories sur l’attention (Hobbes, Descartes, Locke et l’école sensualiste, Leibniz, Herbart et ses disciples ; les physiologistes Haller, Purkinje, J. Müller). Les doctrines contemporaines sont assez longuement exposées et appréciées.

L’auteur, élève de G. E. Müller (de Göttingen), se rattache à la thèse que son maître a soutenue dans un travail portant à peu près le même titre : « Zur Theorie der Sinnlichen Aufmerksamkeit  ». Elle peut être ainsi résumée : L’observation intérieure, l’expérience et les données de la physiologie nous conduisent à rejeter l’hypothèse que les états inconscients de l’esprit, grâce à l’attention, atteindraient un degré plus élevé qui les ferait entrer dans la conscience. Les faits sont fournis principalement par l’acoustique physiologique et l’optique physiologique. Ainsi Ohm a montré que l’on peut percevoir les harmoniques par l’effet d’une extrême attention, si le son que l’on attend est d’abord donné sur le clavier ou même simplement représenté avec une extrême intensité. Mûller fait remarquer que l’on ne peut pas invoquer ici un acte psychique pur. Des phénomènes analogues se présentent dans le cas de la concurrence entre les deux champs visuels. En réalité, l’œuvre de l’attention consiste dans une préparation ; elle est la reproduction interne et imparfaite d’un courant nerveux déjà produit que l’impression attendue ne fait que renforcer. Il y a dans l’attention une direction locale, une excitation faible des centres sensoriels. On peut faire remarquer qu’il en est de même dans le cas des phénomènes moteurs et vaso-moteurs : la concentration de l’attention dans une partie du corps pouvant produire de l’hyperémie, de l’anesthésie, des fourmillements, etc.