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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/223

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ANALYSES. — pabst. De Melissi Samii fragmentis.

L’introduction est suivie du texte des fragments d’après Bywater, et de leur traduction en anglais avec des notes critiques. M. Patrick n’a pas utilisé les récents travaux de Gomperz. Il maintient pour le fragment 91 (Mullach) la leçon γναφέων, dont je crois avoir démontré la fausseté[1].

Paul Tannery.

Pabst (Arnold). De Melissi Samii fragmentis. Bonn, Karl Georg, 1889, 36 p. in-8o. — Chiappelli (Alessandro). Sui frammenti e sulle dottrine di Melisso di Samo. Rome, Tipografia della R. Accademia dei Lincei, 1890, 39 p. in-4o.

Un progrès considérable a été récemment réalisé dans la critique des témoignages relatifs à Mélissos de Samos. On sait que les dix-sept fragments, classés par Mullach sous le nom de ce philosophe, sont tous tirés de Simplicius, et que l’ensemble des numéros 6 à 14 ne fait guère que répéter le contenu du groupe 1 à 5, présenté par le commentateur d’Aristote comme formant le début de l’ouvrage du Samien.

Dans une thèse Ad summos in philosophia honores, soutenue le 15 juin 1889 à l’université de Bonn, Arnold Pabst a montré qu’on ne devait nullement croire, avec Brandis, à une répétition par Mélissos, dans le corps de son livre, des arguments présentés au début ; que le groupe des fragments 1 à 5 était, de fait, constitué par une rédaction due à Simplicius lui-même, rédaction comportant d’ailleurs des additions et modifications assez graves pour que l’on ne doive pas, en général, tenir compte de ces fragments, en présence des suivants qui représentent plus fidèlement le texte et la pensée de Mélissos[2].

La démonstration de Pabst repose sur des preuves tellement claires qu’aucune objection n’est possible ; on doit seulement s’étonner que personne n’ait songé, avant lui, aux remarques très simples qu’il a faites. Un tel exemple mérite d’encourager les jeunes gens ; qu’ils apprennent le grec et qu’ils s’exercent à raisonner ; la philosophie ancienne est une mine qui ne sera pas épuisée de sitôt.

La constatation que les fragments 1 à 5 de Mélissos ne sont pas authentiques entraîne d’ailleurs d’assez graves conséquences. Je remarque notamment que c’est surtout ce groupe qui pouvait faire regarder le Samien comme un logicien à la fois précis et serré. L’argumentation de son texte véritable est sensiblement plus lâche et parfois quelque peu oiseuse. Nous sommes donc conduits à estimer moins haut le penseur et à mieux comprendre le jugement défavorable que Platon et Aristote ont porté sur son compte.

Dans mon ouvrage : Pour l’Histoire de la science hellène (Paris,

  1. Voir mon ouvrage : Pour l’Histoire de la science hellène, Paris, Alcan, 1887, pages 91 et suiv.
  2. À l’exception du fragment 10, lequel semble une abréviation de l’argumentation représentée plus exactement par le fragment correspondants.