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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/228

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n’ajoute pas autre chose qu’une couleur névropathique particulière, telle qu’elle est donnée par l’hyperexcitabilité neuro-musculaire et par les altérations grossières de la sensibilité périphérique, qui, à ce qu’on prétendait, constituaient le signe physique pathognomique du pur état hypnotique. Or tout l’appareil névrosique (soit dit sans nier l’existence de l’hypnotisme hystérique et névrosique ou de la forme classique décrite magistralement par Charcot et ses élèves) de la grande hypnose, réduit à sa véritable expression physiologique, n’est pas autre chose qu’une exagération des réflexes, surtout d’origine spinale ; sur l’ensemble des phénomènes psychiques, tout le monde est d’accord pour y reconnaître l’action de la suggestion.

E. d’Ovidio. Sur les origines et le développement de la mathématique pure. — Les mathématiques, parties de la conception du concret et de l’utilité pratique, aboutissent de plus en plus à une plus vaste généralité et, pour conséquence, à des fins pratiques d’autant plus vastes. Elles se développeront encore et toujours, grâce à cet esprit de généralité qui est le caractère des mathématiques modernes, qui permet d’embrasser dans un seul cadre les propriétés inhérentes aux diverses espèces de grandeur, soit géométriques, numériques ou mécaniques ; généralité qui, loin d’en rendre l’enseignement abstrait et difficile, permet au contraire de le simplifier. Une autre remarquable manifestation de l’esprit de généralité des mathématiques est la « logique déductive », qui a été l’objet d’études intéressantes de Leibniz, Hamilton, Cayley, Boole, Grassmann, Schröder, Peirce, Clifford, Jevons, Liard, et plus récemment Péan. Un autre caractère des mathématiques modernes se montre dans la critique minutieuse qui se fait des notions fondamentales des diverses disciplines mathématiques, où l’analyse découvre sans cesse de nouvelles distinctions et de nouvelles propriétés.

P. Vecchia. La pédagogie dans ses rapports avec les sciences. — À la vieille conception de l’homme, « un animal raisonnable », « une intelligence servie par des organes », correspondait une pédagogie isolée de la zoologie, de la biologie et de la sociologie, une espèce de doctrine a priori, incapable d’utiliser les découvertes scientifiques, et non susceptible de progrès. Bien autre est la conception que la science moderne nous donne de l’homme : a) l’homme est le résultat de l’évolution zoologique ; b) il résume en lui-même les précédentes formes de vie selon les lois ontogéniques et phylogénétiques ; c) il hérite physiologiquement et psychologiquement ; et dans le milieu social, au moyen de l’exercice de ses facultés, il développe les énergies héritées, les transformant en équivalentes d’un ordre supérieur ; d) il a une vie individuo-collective : l’exercice d’une des fonctions de tout individu doit conspirer à construire un organisme plus élevé, l’organisme social, dont son développement doit être considéré comme effet et manifestation. Cette conception de l’homme change les bases de la pédagogie et modifie un grand nombre de critères éducatifs. Les