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5o La conjugaison se fait d’abord par des points rapprochés de la partie antérieure du corps.

6o Le micronucleus évolue de la manière suivante : il se gonfle, se divise en deux, puis en quatre fragments dont trois sont rejetés, la persistance du quatrième étant l’effet d’un hasard de position ; celui-ci se gonfle à son tour, se divise en deux pronucleus dont l’un est destiné à rester chez l’individu — ce sera l’élément femelle, — dont l’autre est destiné à l’échange — ce sera l’élément mâle, — ces deux éléments étant morphologiquement identiques, et leur rôle dépendant uniquement du plus ou moins d’éloignement de la surface de contact entre les deux conjoints.

7o Après l’échange des pronucleus mâles, il y a fusion entre eux et les pronucleus femelles, et formation d’un nucleus de copulation qui se fissipare trois ou quatre fois de suite ; c’est pendant ce processus que les deux conjoints se séparent rajeunis.

8o Pendant la conjugaison, le macronucleus se désagrège, disparaît, s’élimine (de façons différentes, suivant les espèces) et est remplacé définitivement par un macronucleus de nouvelle formation. En résumé, le macronucleus sert à l’entretien de l’individu, le micronucleus préside à la conservation de l’espèce et est le support des quahtés héréditaires.

Il résulterait de là que le macronucleus seul ne pourrait reconstituer le micronucleus absent, tandis que le micronucleus est en état de reformer un macronucleus détruit (voir plus loin ce que nous disons des recherches de MM. Balbiani et Griiber).

Je reviendrai plus tard sur certaines assertions de M. Maupas. Je tiens à dire tout de suite que plusieurs me paraissent dépasser les limites de l’observation et émaner d’un sophisme assez fréquent chez les observateurs : Ce qui n’a pas été vu n’existe pas. Je crains à mon tour de tomber dans le sophisme famiher aux philosophes : Ce qui ne se conçoit pas n’existe pas. Cependant il me semble que c’est s’aventurer que d’affirmer l’identité morphologique et fonctionnelle des deux pronucleus, et que le hasard, qui intervient deux fois, pourrait bien être dû à une causé interne. Quand des individus font queue à un guichet, on ne voit pas pourquoi le dernier n’est pas à la place du premier, mais est-ce l’effet du hasard[1] ?

  1. Dans ce même travail, M. Maupas critique de nouveau la théorie du plasma germinatif de M. Weismann, et, dans un appendice, répond aux critiques dont sa precédente publication a été l’objet de la part de MM. Bütschli, Fabre et Grüber.