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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/252

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Une interprétation juste de l’évolution des stylonichies nous conduit donc à voir dans les premières bipartitions, jusque vers la 130e, comme le fait M. Maupas dans son dernier travail, des stades de préparation aboutissant à rendre les stylonichies aptes à la conjugaison. C’est, sous réserve de ce que nous dirons à ce sujet vers la fin de cette étude, leur manière à elles, de passer de l’enfance et de l’adolescence à la puberté. Sans doute, à parler d’une certaine manière, elles vieillissent, comme vieillissent l’enfant et l’adolescent, c’est-à-dire qu’elles se rapprochent du terme de leur vie ; mais, au fond, pendant cette période, elles ne vieillissent ni ne dégénèrent ; au contraire, elles s’apprêtent à se rajeunir et à se régénérer, elles marchent vers le plus haut point de leur efflorescence.

Une deuxième conclusion est tout aussi inévitable : c’est que la dégénérescence, soit du premier, soit du second degré, n’est pas une sénescence proprement dite. Certes, si la conjugaison n’intervient pas, les stylonichies finiront par ne plus mettre au monde que des avortons, et l’on pourra dire, en adoptant certaine façon de parler, que le mécanisme de la première s’était un peu usé et a été transmis en cet état à ses deux enfants ; que les petits-enfants ont encore été

    une autre cellule ont pour conséquence la conservation indéfinie de la vie ; ils rendent possibles des multiplications ultérieures. L’on ne peut concevoir une génération que comme une multiplication d’individualités. Il est probable qu’il n’existe en réalité qu’un seul procédé de multiplication, c’est la division. Dans la fécondation, il n’y a pas augmentation du nombre des individualités : cela est bien évident quand la fécondation se présente sous la forme de conjugaison, ou même dans le caractère qu’elle affecte chez les vorticelles. Une vorticelle A se résout en une macrospore M (gonocyte femelle) et une microspore m (gonocyte mâle) ; une autre B subit le même dédoublement en M′ et en m′. Puis M se confond avec m′ ; M′ avec m. Il en résulte deux individus rajeunis A′ et B′ ; mais il n’y a pas eu augmentation du nombre des individualités. Avant comme après la fécondation il n’y a que deux vorticelles. La fécondation telle qu’elle s’accomplit dans les métazoaires s’opère suivant le même schéma. Un œuf A se dédouble en un gonocyte femelle (G) et en globules polaires (g), un spermatocyte se résout en une portion cytophorale (C), et un spermatozoïde (S). Puis nous voyons G se réunir à S pour donner naissance à une cellule rajeunie qui est la première cellule embryonnaire. Théoriquement C et g devraient pouvoir engendrer une seconde cellule ; en réalité, ces éléments s’atrophient ; de sorte que, après la fécondation, au lieu de deux cellules capables de divisions ultérieures il ne s’en produit qu’une. Il est clair qu’ici, pas plus que dans l’exemple des vorticelles, il n’y a eu multiplication. Il semble que la faculté que possèdent les cellules de se multiplier par division soit limitée : il arrive un moment où elles ne sont plus capables de se diviser ultérieurement, à moins qu’elles ne subissent le phénomène de rajeunissement par le fait de la fécondation. Chez les animaux et les plantes les seules cellules capables d’être rajeunies sont les œufs ; les seules capables de rajeunir sont les spermatocytes. Toutes les autres parties de l’individu sont vouées à la mort. La fécondation est la condition de la continuité de la vie. Par elle le générateur échappe à la mort. Telle est l’hypothèse que j’enseigne depuis 1876 et à l’appui de laquelle je trouve dans l’étude de l’ascaride du cheval de nouveaux arguments. » (Recherches, etc., p. 620 et suivantes.)