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j. delbœuf. — pourquoi mourons-nous ?

plus mal partagés ; que l’héritage, en passant ainsi de main en main, n’a cessé de tomber dans un état de plus en plus misérable, et qu’un jour est venu où les héritiers, désormais incapables de faire fructifier leur avoir, vieillis et décrépits, ont été voués à une ruine certaine, au moins dans leur extrême descendance. Mais ce n’est là qu’une manière poétique de présenter les choses. Comme on le verra plus clairement encore dans la suite, il y a là, à parler exactement, autre chose que de purs phénomènes de dégradation sénile. C’est ce que M. Maupas lui-même semble avoir dans la pensée quand, après avoir fait remarquer que « ses cultures ont démontré expérimentalement que les protozoaires n’échappaient à la loi générale de sénescence », il ajoute : « Ils s’usent et vieillissent par le jeu et l’exercice même de leurs fonctions, autrement dit, par une nécessité inhérente à leur structure et à leur constitution intimes[1]. »

C’est précisément à déterminer en quoi pourrait consister cette nécessité que les pages suivantes sont consacrées. Je rejette l’expression de sénescence, trop spéciale à mon avis, et je préfère le mot de déséquilibration qui me semble propre à caractériser d’une manière plus juste les phénomènes qui se manifestent pendant la série totale des bipartitions. Jusque vers la 130e bipartition, chez les stylonichies, la déséquilibration se montre dans le développement de la sexualité et, plus tard, dans la sénescence véritable et la mort.

IV

La bipartition répétée, cause cumulative de déséquilibration.

Cette cause, pour moi, n’est pas interne ni « inhérente à leur structure et à leur constitution intimes » ; elle est extérieure et accidentelle. C’est un cas particulier de ma. Loi mathématique applicable à la transformation des espèces[2].

  1. P. 266.
  2. J’ai énoncé cette loi en 1877 (voir la Revue scientifique du 13 juillet). Quelques jours après, dans le même recueil, M. Giard, au nom de qui je n’oserais joindre aucun qualificatif élogieux à cause même de la manière flatteuse dont il apprécie mon travail, voulait bien illustrer cette loi d’exemples pris dans tous les ordres du règne animal. Il est revenu sur le même sujet dans la leçon par laquelle il ouvrait l’année dernière son cours sur l’évolution des êtres organisés, et à laquelle je me permettrai de faire quelques emprunts (voir Revue scientifique, 23 novembre 1889). En Angleterre, un peu après lui, M. Jos. John Murphy, dans la seconde édition de son livre (Habit and Intelligence, a séries of essays on the Laws of Life and Mind, London, Macmillan, 1879, p. 241), citait et commentait