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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/286

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On voit, par ces exemples, que nous adoptons entièrement la théorie de M. Séglas sur les voix épigastriques, mais, comme il est bien difficile d’être complètement d’accord sur ces questions délicates, nous ferons à cet auteur une petite critique de mots. Il désigne ce phénomène sous le nom d’hallucinations verbales psychomotrices : cette expression a sans doute été utile pour faire comprendre un phénomène psychologique délicat ; son analogie avec le terme de langage moteur employé par M. Charcot contribuait à sa clarté. Mais au point de vue purement scientifique et pour bien indiquer la place de ces hallucinations parmi les phénomènes psychologiques, cette expression est-elle parfaitement exacte ?

Pourquoi réserver à ce phénomène en particulier le nom de psycho-moteur ? Est-ce que tous les phénomènes de l’esprit n’ont pas aujourd’hui ce caractère bien connu d’être psycho-moteurs ? Une image, une hallucination auditive, visuelle ou tactile ne s’accompagne-t-elle pas de phénomènes de mouvements, adaptation des organes, expression de la physionomie, mouvements associés, etc. ? Certains individus, comme les hystériques anesthésiques, se servent uniquement des images visuelles pour exécuter leurs mouvements, et pour ces personnes, une hallucination visuelle pourra parfaitement être appelée une hallucination psycho-motrice. Ce mot a donc un sens très vague, tandis que l’auteur veut nous parler ici non pas d’hallucinations indéterminées, mais d’un phénomène beaucoup plus précis.

Quand on décrit une hallucination, il faut avant tout, croyons-nous, indiquer quel est le sens intéressé, à quelle catégorie de sensations elle se rattache, et dans le cas présent, il est important de faire savoir qu’il ne s’agit pas d’une image psycho-motrice quelconque, mais d’une image de ce sens si important qu’on appelle sens musculaire ou mieux sens kinesthésique. Nous diviserons donc les hallucinations, comme les sensations, en hallucinations auditives, visuelles, etc., et kinesthésiques. Remarquons ensuite que dans chacune de ces catégories, les hallucinations peuvent varier suivant les objets qu’elles représentent ; la malade peut voir un homme ou un mot écrit et elle aura une hallucination visuelle d’un homme ou une hallucination visuelle graphique. Il en est de même pour les hallucinations du sens kinesthésique ; il peut en exister qui ne se rapportent pas au langage. La malade dont nous nous occupons, Marcelle, nous en a justenlent présenté un curieux exemple. Elle a été un jour à une séance d’électricité dans le service de M. Charcot, et elle a vu des malades atteintes de chorée. Elle me dit en revenant qu’elle ne veut plus aller dans ce service, parce que cela la rend plus malade et lui donne la danse de Saint-Guy. « Je sens bien, dit-elle, mon bras droit qui remue tout le