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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/73

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FORCE ET MASSE


I

Depuis le temps où Locke a systématiquement posé les premières bases d’une théorie rationnelle de la connaissance, on a vu s’accomplir d’assez grands progrès dans cette branche de la science philosophique. Le moment paraît venu d’en profiter dans le champ plus restreint des sciences physiques, et d’étendre à l’analyse de leurs concepts fondamentaux, les nouvelles méthodes d’investigation logique dont on est redevable surtout à Stuart Mill et à Herbert Spencer.

L’application de la méthode analytique, dans le domaine purement scientifique, n’a guère été faite, jusqu’à présent, d’une manière tant soit peu approfondie, et à un point de vue exclusivement logique. Sans doute les traités de logique contiennent, presque toujours, quelques tentatives faites dans cette voie, mais plutôt à titre d’exemples, et d’illustrations des principes, qu’en vue de l’analyse même de conôepts déterminés. Quant aux traités scientifiques et techniques, on sait, qu’au moins en France, ils se distinguent plus par l’abondance des formules algébriques, ou des détails d’expériences que par l’esprit philosophique.

Ce n’est pas que je prétende qu’il soit indispensable pour assurer la validité d’un raisonnement, que l’esprit possède une pleine et entière compréhension des notions qui servent de données. C’est une remarque déjà faite par le Dr Mansel : « Le signe — fait observer ce philosophe, au sujet du raisonnement automatique — est substitué à la notion signifiée ; c’est un pas qui facilite beaucoup l’accomplissement des opérations complexes de la pensée, mais qui expose aussi beaucoup la précision logique de chacun des pas qui suivent, si ne nous arrêtons point à chaque pas pour vérifier nos signes. Les mots ressemblent alors à des symboles algébriques, que, durant le cours d’un long calcul, nous combinons les uns avec