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Les concepts logiques sont formés par une combinaison des concepts d’espace ou de temps, ou de ces deux concepts réunis. Les concepts logiques comprennent, entre autres, les concepts de force, de température, de quantité de chaleur, d’électricité, etc. Ces concepts sont susceptibles de mesure, sans pour cela représenter toujours une quantité.

L’étude des concepts du premier genre rentre dans le domaine de la psychologie, ou de la physiologie, suivant le point de vue auquel on se place. L’étude des concepts du second genre appartient au domaine des sciences et, par conséquent, à la logique ; ce sont ceux-là seulement que j’ai en vue.

J’ai dit qu’on a souvent négligé de distinguer les concepts psychologiques des concepts logiques. La faute en est au langage, car le même mot peut réunir deux concepts appartenant à des genres différents, ou bien encore un concept unique peut recevoir deux appellations distinctes. C’est ainsi que le mot force désigne la sensation de résistance aussi bien que le concept mécanique, et que le rayonnement, concept physique, s’appelle chaleur ou lumière suivant que nous considérons les sensations de la vue ou celles du toucher. Mais les concepts : résistance, couleur, sensation de chaleur, n’appartiennent pas aux sciences physiques, tandis que les concepts : force et rayon de lumière, doivent être définis non pas, comme on le fait presque toujours, par certaines de nos sensations, mais bien par le mouvement des corps, ou par une certaine ondulation, ou par une position dans le spectre.

À tout concept logique ne répond pas nécessairement une sensation ; l’Énergie en général, le Potentiel, etc., n’exercent aucune impression sur nos sens. D’autres fois, nos expériences de sensation sont peu fréquentes, comme c’est le cas pour l’électricité. Aussi, comme dans la pratique usuelle de la vie, ce sont les concepts psychologiques qui nous intéressent le plus, et que nous connaissons le mieux, il arrive que les concepts logiques, auxquels ne répondent que des sensations rares et peu différenciées, ou même auxquels ne correspond aucune impression sensible, deviennent quelque chose de mystérieux, comportant une attente d’exphcation, qu’on peut bien qualifier de transcendante, puisqu’elle dépasse les bornes de notre esprit, Ce n’est là, il faut le dire, qu’une apparence ; quoique la chaleur nous paraisse quelque chose de très naturel, et l’électricité, quelque chose de très mystérieux, cependant nos connaissances de ces deux notions, considérées comme concepts logiques, sont équivalentes. La différence que l’on établit entre elles, porte au fond sur les sensations ; notre organisme est en correspondance