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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/77

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g. mouret. — force et masse

intime et suivie avec la chaleur ; par contre, la correspondance avec le flux électrique est beaucoup plus grossière, l’organisme humain ne s’y étant pas aussi bien adapté que l’organisme de certaines autres espèces animales.

Il y a, dans l’étude des concepts logiques une précaution à observer, relativement à l’usage des mots. Mill a fait remarquer que « les noms généraux les plus usuels connotent rarement un seul attribut de l’objet qu’ils désignent, mais plusieurs attributs dont chacun, pris à part, forme aussi le lien de quelque classe, et la signification de quelque nom général », et le Dr Bain applique le nom de concept aussi bien aux noms généraux basés sur plusieurs attributs, qu’aux noms généraux basés sur un seul.

L’inconvénient d’étendre ainsi la signification du mot concept, c’est d’effacer la différence qui doit exister entre un concept et les relations diverses dans lesquelles ce concept peut entrer comme terme, et de rendre nécessaire la considération surannée de « l’essence des choses ».

La signification d’un nom général perd en effet toute précision si l’on n’indique pas quelle est l’essence de la chose, objet du concept (pour employer le langage conceptualiste).

Un concept doit donc être toujours simple ou tout au moins nous devons considérer à part les concepts simples et les concepts composés.

Le concept simple ne comporte qu’un attribut, le concept composé comporte plusieurs attributs unis par des relations de coexistence, de séquence ou toutes autres relations.

Dans le langage ordinaire, un nom général désigne un concept composé ; mais le concept simple correspondant n’est pas indéterminé. Parmi tous ces attributs qui constituent le concept composé, un seul, unique et déterminé, doit être pris pour définition du concept simple. Dans le choix à faire, ce qui doit nous guider, c’est l’enchaînement logique, la filiation des faits, dans l’ordre du fait plus général au fait moins général, ou si l’on aime mieux, dans l’ordre de l’abstrait au concret.

Parmi les différents concepts auxquels on peut appliquer les considérations qui précédent, je choisirai ceux sur lesquels repose la Mécanique générale, c’est-à-dire les concepts de force, de masse, etc. simplicité du sujet, son importance pratique, et le caractère de quasi-certitude des lois de la mécanique justifient suffisamment ce choix.

Je veux donc définir, d’une manière rationnelle et précise, le sens qu’on doit attacher, dans la science mécanique, à ces mots