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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/78

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force, masse, etc., et je réserve pour une autre étude, l’examen du caractère quantitatif de ces concepts.

II

La mécanique repose nécessairement sur la géométrie ou science des relations abstraites de coexistence, et sur la cinématique, science des relations abstraites de séquence. C’est dans ces sciences que rentrent les définitions des concepts : longueur, volume, mouvement, vitesse et accélération, concepts qui ont tous pour éléments les concepts primordiaux : le nombre, l’ordre, l’espace et le temps.

Les sciences classées après la géométrie et la cinématique sont celles qui ont pour objet l’étude des relations causales, c’est-à-dire des relations de coexistence (non de séquence) qui comportent un ordre déterminé dans la position des termes. Les changements qui forment le fondement de ces relations sont variés ; de là, autant de sciences spéciales. Ainsi parmi les sciences physiques (natural Philosophy), la mécanique a trait aux changements de position dans l’espace (mouvement) ; dans la théorie de l’élasticité et de la chaleur, on étudie les changements de forme et de volume et la science de l’électricité repose sur les variations de certaines attractions mutuelles entre les corps.

La mécanique occupe le premier rang dans la série des sciences physiques, parce qu’elle ne tient pas compte de la nature des causes de changements ; c’est la plus abstraite de ces sciences. Les principaux concepts de la mécanique sont ceux d’inertie, de masse, d’équilibre, de force, de force vive, de travail, etc. Laissant de côté ces deux derniers concepts, qui appartiennent au concept plus abstrait désigné sous le nom d’Energie, j’étudierai plus spécialement l’inertie, la masse et la force.

Le mot force a plusieurs significations, même en mécanique.

Son acception usuelle est également celle que lui attribuent les philosophes, c’est la sensation de résistance, ou encore ce qui est supposé être la cause de la sensation de résistance. L’effort et la force sont, dans ce sens, presque synonymes. D’après le Dr Bain, qui adopte ce sens, la force est « la notion la plus fondamentale de l’esprit humain ; dans l’ordre du développement, elle est contemporaine de l’idée de mouvement et de l’idée d’étendue, si même elle ne lui est pas antérieure. Elle ne peut être définie qu’à la façon des notions ultimes. Le sentiment que nous éprouvons quand nous dépensons