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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/81

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g. mouret. — force et masse

par un autre abus de langage, on emploie le mot force pour désigner certaines notions encore très vagues appartenant à toutes les branches des sciences physiques ; c’est ainsi qu’on parle de la force chimique, de la force vitale, etc.

Aussi, il y a lieu de bien distinguer la véritable force mécanique, de l’énergie, de la quantité de mouvement, et en général de tout ce qui n’est pas susceptible d’être évalué directement en kilogrammes, au moyen de la balance ou du dynamomètre.

Je viens d’éliminer toutes les acceptions diverses et figurées du mot force ; je puis maintenant entrer dans le fond du sujet, et établir la filiation entre les concepts abstraits de la géométrie cinématique et ceux de la mécanique.

III

Le principe fondamental par excellence, dans l’ordre des phénomènes mécaniques, est ce qu’on pourrait appeler le principe de la persistance du mouvement ; c’est la première loi du mouvement de Newton. L’énoncé ordinaire de cette loi n’est qu’une pure tautologie. Dans le traité de mécanique rationnelle de Delaunay, par exemple, on lit ce qui suit : Un point matériel ne peut passer de lui-même de l’état de repos à l’état de mouvement. Une fois en mouvement, il ne peut modifier de lui-même son état de mouvement ; en sorte que, si aucune cause extérieure n’agit sur lui, sa vitesse sera constamment la même en grandeur et en direction, c’est-à-dire que son mouvement sera rectiligne et uniforme.

Plus brièvement cela revient à dire que le mouvement (c’est-à-dire la vitesse du mouvement) n’est ni créé ni modifié, s’il n’existe aucune cause de mouvement ; c’est bien là une simple proposition verbale.

Dans la réalité, la première loi du mouvement signifie que le mouvement d’un corps dépend des corps qui l’entourent, c’est-à-dire du milieu. Si la position relative de ces corps extérieurs, ou si leur état subit quelque changement, le mouvement (c’est-à-dire la vitesse) peut se modifier ; la seule présence des corps extérieurs, formant un système invariable et permanent, peut suffire aussi pour provoquer ou modifier le mouvement du corps considéré. C’est ainsi que le soleil modifie à chaque instant la direction de la vitesse de la terre, et que le tapis de billard sur lequel roule la bille d’ivoire, réduit graduellement la vitesse dont cette bille est animée. Fermez un