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g. mouret. — force et masse

employé pour désigner l’énergie utilisable, c’est-à-dire une certaine grandeur. La puissance mécanique sera donc, dans ce nouveau sens, un attribut du système des corps extérieurs qui agissent sur un mobile quelconque pour modifier son mouvement.

Il y a d’ailleurs deux sortes de puissances, les puissances proprement dites, qui tendent à augmenter la vitesse des corps, placés dans certaines conditions (gravitation, attractions et répulsions électriques, etc.), et les résistances, qui ne peuvent que réduire la vitesse (frottement, viscosité, etc.), quelles que soient les conditions extérieures.

C’est aux puissances en général que s’applique un second principe fondamental connu sous le nom de principe de l’indépendance des mouvements ou des effets des forces. Ici le mot force est pris effectivement dans le sens de cause de mouvement, car le principe consiste en ce que le mouvement que prend un corps, soumis à des causes de mouvement simultanées et indépendantes, est la résultante des mouvements que prendrait ce même corps, si ces causes de mouvement agissaient séparément.

Parmi les Puissances, l’une des plus importantes par sa généralité, la fréquence et la simplicité de son action, est celle qui réside dans les corps en mouvement, au contact de corps en repos. Il ne s’agit pas là du choc qui est un phénomène très complexe, mais du fait beaucoup plus simple de la communication ou transmission de mouvement par contiguïté, — fait très analogue à la dissipation de la chaleur par conduction.

Je n’étudierai ici que les mouvements de translation, aussi bien en ce qui concerne les mouvements composants (c.-à-d. ceux que tend à prendre chaque corps), qu’en ce qui a trait aux mouvements résultants (c.-à-d. ceux que prend le système des corps contigus). Cela revient à ne considérer que le cas du mouvement des points matériels, ou des solides homogènes placés de telle sorte que leur centre de gravité soient sur une même droite parallèle à la direction des forces. À la fin de cette étude je dirai quelques mots des mouvements de rotation.

Supposons donc que deux corps A et B en repos (ou animés d’un même mouvement rectiligne uniforme) soient en contact. Supposons aussi que les circonstances extérieures viennent à changer, de telle sorte que si l’un des corps, B, ne se trouvait pas en contact avec le corps A, il prendrait une certaine accélération, dirigée de B vers A, suivant la droite qui joint les centres de gravité.

En d’autres termes, faisons agir une force ou puissance sur le corps B, et dans le sens de C en A, le corps A ne restant soumis à aucune