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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/91

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g. mouret. — force et masse

l’accélération et la force, loi qui permet par conséquent de définir l’un quelconque de ces trois éléments en fonction des deux autres. Mais, je le répète, c’est un procédé artificiel, qui n’est conforme ni à la genèse de nos idées, ni à la filiation logique des concepts.

On ne saurait d’ailleurs échapper à la notion de masse, telle que nous l’avons présentée. Cette notion dérive des faits d’une manière si directe, résulte de faits si généraux, qu’elle s’impose à notre esprit, et qu’elle existerait, alors même qu’on n’aurait pas de nom pour la désigner.

V

Dans le paragraphe précédent, nous n’avons envisagé que le cas où l’un des deux corps entrant en relation est à l’état de repos. Quand aucun des corps n’est à l’état de repos et que tous les deux tendent à prendre certaines accélérations de sens contraire, l’expérience nous apprend qu’en général le système des deux corps contigus prendra une certaine accélération, dans un certain sens, et que cette accélération sera inférieure à celle des accélérations composantes qui est dirigée dans ce sens. C’est une généralisation des lois de l’inertie, et qui nous fait voir qu’à l’état de mouvement, les corps possèdent une résistance, aussi bien qu’à l’état de repos.

Mais dans ces phénomènes très généraux de transmission de mouvements par contiguïté, nous sommes conduits à distinguer une catégorie de phénomènes particuliers ; ce sont ceux où, bien que les deux corps contigus tendent à prendre certaines accélérations, cependant le système de ces deux corps demeure en repos.

Là encore il est possible de faire varier la nature des Puissances qui sollicitent ces corps, sans troubler l’état de repos du système, pourvu que les accélérations virtuelles ne soient pas changées. Il existe donc entre ces deux corps possédant un état déterminé de tendance au mouvement, une relation bien définie, indépendante des autres circonstances extérieures au système. Une telle relation a reçu le nom d’équilibre. L’équilibre mécanique n’est au reste qu’un cas particulier d’une relation beaucoup plus générale, à laquelle on a, par extension, aussi appliqué le mot équilibre. On dit qu’il y a équilibre entre deux causes de changements, quelles que soient ces causes, et quels que soient les changements, quand le système simple ou complexe soumis à ces causes de changement ne subit cependant aucun changement.