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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/96

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VI

Ce que j’ai dit de l’inertie, de la force, de la masse, ne s’applique qu’au plus simple de tous les mouvements, au mouvement rectiligne de translation.

Parmi tous les mouvements dont un corps est susceptible, la cinématique nous apprend qu’il existe un autre mouvement simple, qui jouit de propriétés analogues à celles du mouvement de translation, quoique plus complexes ; c’est le mouvement de rotation autour d’un axe. Le mouvement de translation peut être d’ailleurs considéré comme un cas limite du mouvement de rotation, le cas où l’axe de rotation passe à l’infini.

Il est clair que ce mouvement de rotation autour d’un axe peut nous fournir une série de concepts correspondant à l’inertie, à la masse, à la force, etc. Il suffît pour cela d’étudier ce qui se passe quand les axes de rotation de deux corps coïncidant et étant rendus solidaires, ces deux corps (ou l’un de ces corps) tendent à prendre des mouvements de rotation accélérés et en sens contraire.

Mais avant d’examiner ce cas, il faut noter que la première loi du mouvement de Newton s’applique aussi au cas du mouvement de rotation ; tout corps mobile autour d’un axe fixe ne peut se mettre de lui-même en mouvement, et s’il est en mouvement, et isolé de tout autre système matériel, il conservera une vitesse angulaire constante ; son mouvement de rotation sera uniforme. La même loi s’appliquerait d’ailleurs à une combinaison quelconque de mouvements de rotation, et de mouvements de translation et de rotation des axes de rotation.

Quand il s’agit de l’action mutuelle d’un corps en repos et d’un corps possédant une tendance au mouvement, ces deux corps ayant un axe solidaire commun, on constate que le mouvement de rotation se communique du corps tendant à se mouvoir, au corps en repos, et que l’accélération angulaire du premier corps est réduite. On peut donc étendre aux rotations le concept d’inertie qui devient ainsi un concept composé.

J’ai eu soin, au début de cette étude, de distinguer les concepts d’inertie et de masse ; la nécessité de cette distinction se trouve ici confirmée, car les résistances d’un corps au mouvement de translation et au mouvement de rotation ne sont pas les mêmes ; elles diffèrent, non pas seulement en degré, mais même en nature.