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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/97

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g. mouret. — force et masse

Ce n’est pas mon projet d’entrer ici dans l’analyse des concepts liés au mouvement de rotation, concepts qui ont reçu les noms de moment d’inertie et de couple ou moment de forces ; j’ai voulu seulement montrer que ces concepts, qu’on définit toujours d’une manière empirique, en fonction des masses et des forces, peuvent être définis d’une manière indépendante ; et que l’on peut établir une dynamique et une statique des mouvements de rotation par une voie aussi simple et aussi directe que lorsqu’il s’agit de mouvements de translation. C’est en s’engageant, en partie, dans cette voie, que Poinsot, malgré l’insuffisance de son point de départ, a pu établir avec tant d’élégance et de clarté, les théorèmes sur la théorie de la rotation des corps, et jeter un grand jour sur des questions qui, soumises aux méthodes ordinaires, c’est-à-dire traitées par la voie de l’analyse, seraient restées éternellement obscures et difficilement applicables aux cas de la pratique.

En terminant cet exposé sommaire du développement logique des concepts de la mécanique, je dois donner une vue d’ensemble du sujet, sans distinguer entre les différentes espèces de mouvement.

Tant que nous n’observons que des mouvements de corps entièrement libres dans l’espace, et ne se rencontrant jamais, nous restons dans le domaine de la cinématique, c’est-à-dire qu’aux concepts de la géométrie, nous ne pouvons ajouter que ceux du mouvement proprement dit : temps, vitesse et accélération.

Mais poussant nos investigations plus loin, nous ne tardons pas à constater que les différents mouvements de la nature ne sont pas indépendants de l’état (collocations) du milieu et qu’il existe entre eux et d’autres catégories de phénomènes, des relations causales. C’est la première loi fondamentale du mouvement, la loi énoncée par Newton, et d’où dérive le concept « cause de mouvement ou d’arrêt de mouvement », c’est-à-dire ce que j’ai appelé puissance et résistance.

Une seconde loi expérimentale régit l’action commune des puissances ; c’est la loi sur l’indépendance des effets des forces.

Le mot force est ici synonyme de puissance ; car les causes de mouvement ne sont pas des forces, dans le sens précis du mot.

Faisant un nouveau pas en avant, nous étudions l’action mutuelle de deux corps qui contrarient leur mouvement, ces deux corps étant supposés contigus (ou solidaires d’un même axe de rotation), et nous voyons que si l’un des corps est en repos, tandis que l’autre prend une accélération, le système des deux corps prend un mouvement commun, et l’accélération est diminuée. De là une relation que nous avons appelée « transmission de mouvement par