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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/108

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Histoire

Il s’est promené à grands pas dans la chambre. Ensuite, s’étendant sur un fauteuil, il s’est abandonné aux plaintes, il s’est défendu lui-même, il s’est accusé, il a recommencé ses défenses & ses accusations ; & cette scene a fini par supplier Mr & Mme Reves de lui accorder leur protection. Il ne pouvoit comprendre, leur a-t-il dit, qu’avec de si honorables intentions, avec tant de pouvoir de me rendre heureuse, il eût le malheur d’essuyer des refus. Son ressentiment s’est tourné contre Mr Orme, qui est, dit-il, le Rival favorisé, si quelqu’un l’est réellement ; car il croit avoir reconnu que ce n’est ni Greville ni Fenwick. Il a confessé que ma fierté l’avoit piqué jusqu’au vif. Enfin il a prié Mme Reves de me faire appeler en son nom. Mais l’humeur où elle le voyoit ne la disposant point à lui accorder cette faveur, il m’a fait prier lui-même de descendre. J’ai répondu civilement que j’étois occupée à vous écrire, & que j’espérois que Sir Hargrave, mon Cousin & ma Cousine, auroient la bonté d’agréer cette excuse : j’ai nommé M. & Mme Reves, pour adoucir mon refus. Cette réponse n’a fait qu’irriter sa bile. Il a demandé pardon à Mme Reves, mais il a protesté qu’il s’attacheroit à mes pas comme une ombre, & qu’en dépit de la terre & des enfers, je serois Mylady Pollexfen. Il est sorti dans cette chaleur, les yeux roulans & le visage enflammé.