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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/109

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du Chev. Grandisson.

Ne vous semble-t-il pas, ma chere, qu’étant comme je suis, sous la garde de mon Cousin Reves, il a pris cette avanture avec un peu trop de patience dans sa propre maison ? C’est peut-être cette raison même qui l’a rendu si tranquille. Nous le connoissons pour un des meilleurs hommes du monde. Et l’éclat de huit ou dix mille livres sterling de rente… cependant, avec une fortune aussi indépendante que la sienne… mais la grandeur a toujours ses charmes.

Ainsi Sir Hargrave nous a confirmé tout ce que le Chevalier Allestris nous avoit appris de son caractere. Je crois que de tous les hommes, c’est celui que je redoute le plus. Sir Jean Allestris nous l’a représenté méchant, vindicatif ; si je me retrouvois forcée de l’entendre sur le même sujet, j’aurois grand soin de lui répéter nettement que je n’ai pas le cœur engagé ; du moins autant que je le pourrai, sans ranimer ses prétentions, dans la crainte qu’il ne se porte à quelque violence. Je vous jure, chere Lucie, que de tous les hommes que j’ai vus, il est le dernier dont je voulusse devenir la femme. Puisse-t-il être si piqué que je ne le revoie jamais !

Mylady Williams nous a fait avertir qu’il y aura Bal d’Opéra jeudi prochain. Elle veut se réserver le soin de mes habits. Je lui ai fait dire que je ne voulois rien de trop remarquable, & que je serois très-fâchée d’attirer sur moi tous les yeux de l’assemblée.