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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/120

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Histoire

qui mon cœur puisse se donner sans réserve, je renoncerai absolument au mariage. Que de malice, ma chere, j’ai remarqué ici dans ses regards ! Vous paroissez mécontent, Monsieur, ai-je ajouté ; mais il semble que c’est sans raison. Vos vues sont tombées sur une personne qui est maîtresse d’elle-même ; & quoique j’aye de l’éloignement pour les vérités dures, je me fais honneur de ma franchise.

Il s’est levé de sa chaise. Il s’est promené à grands pas dans la chambre, en répétant à voix basse ; vous n’avez pas bonne opinion de mes mœurs ! Mademoiselle… mais je suis résolu de tout souffrir… Cependant, si mauvaise opinion de mes mœurs ! Non, ma patience n’ira pas si loin. Là-dessus, il a porté le poing au front, en l’y tenant serré quelques momens. Ensuite prenant brusquement son chapeau, il nous a fait une profonde révérence, le visage enflammé, du tumulte apparemment de ses passions ; & sans ajouter un seul mot, il a pris le chemin de la porte. M. Reves s’étant hâté de le conduire, il a répété plusieurs fois ; du mépris pour mes mœurs ! J’ai des Ennemis, Monsieur. Du mépris pour mes mœurs ! Je suis le seul homme du monde que Miss Byron traite avec si peu de ménagement. Ses dédains peuvent lui attirer… que ne puis-je dire les miens ! Adieu, Monsieur, excusez cette chaleur. Adieu. Il est monté dans son carosse, dont il a levé brusquement les gla-