Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
du Chev. Grandisson.

il a supplié instamment Mr & Mme Reves, de le laisser seul avec moi. Son empressement étoit de savoir quelles étoient les espérances de Sir Hargrave. Il a marqué là-dessus une vive inquiétude. Il espéroit, m’a-t-il dit, qu’un homme de ce caractere feroit peu d’impression sur moi, & que Miss Byron ne donneroit pas la préférence aux seuls avantages de la fortune, sur un ancien serviteur, qui n’avoit pas cessé de l’admirer depuis son enfance, & qui ne manquoit de rien pour la rendre heureuse.

Je lui ai répondu qu’il étoit extrêmement fâcheux pour moi, de me trouver si souvent obligée de lui faire les mêmes réponses ; que j’étois incapable d’offenser personne, sur-tout un Voisin qui étoit lié d’amitié avec toute ma famille ; mais qu’il m’étonnoit, de ne pas sentir que je ne lui devois aucun compte de mes sentimens & des visites que je recevois. Il m’a fait des excuses, qui ont abouti à me demander du moins quelque assurance que je ne favorisois pas les prétentions de Sir Hargrave. Non, Monsieur, lui ai-je dit avec assez de force ; je ne veux aucune explication de cette nature. Ne seroit-ce pas vous accorder un droit de censure sur ma conduite, & vous donner des assurances qui sont fort éloignées de mes intentions ?

Il a pris le Ciel à témoin qu’il m’aimoit plus que lui-même. Il a juré avec imprécation, qu’il persévéreroit jusqu’au dernier