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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/126

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Histoire

soupir ; & que s’il pouvoit penser que Sir Hargrave eût conçu la moindre espérance, il prononceroit hardiment sur le nombre de ses jours. Mr Greville, lui ai-je dit, je ne connois que trop vos emportemens. Ce qui s’est passé entre vous & Mr Fenwick, m’a causé assez de chagrin ; & dans une entreprise de la même nature, vos jours pourroient être comptés comme ceux d’un autre. Mais je n’entre point dans vos vues. Ayez la bonté seulement de ne pas traiter d’incivilité, la résolution que je prends de renoncer désormais à l’honneur de vos visites.

Je voulois sortir. Il s’est mis entre la porte & moi. Au nom du Ciel, chere Miss ! Ne sortez point en colere. Si vous ne changez rien à mon sort, daignez du moins m’assurer que ce Petit-maître… Eh ! De quel droit, ai-je interrompu, osez-vous exiger des assurances de cette nature ? Ses droits, m’a-t-il dit, n’avoient pas d’autre fondement que ma bonté. Chere Miss Byron, dites-moi que Sir Hargrave n’aura point l’art de toucher votre cœur. Dites-le moi pour son intérêt, si ce n’est pas pour le mien ; car je sais que peu vous importe ce que je devienne : mais que ce ne soit pas ce Tigre à face blême, qui obtienne votre affection. Ce nom peint son caractere. Si la préférence est réservée à quelqu’autre qu’à moi, faites-la tomber du moins sur quelqu’un, au mérite & au bonheur duquel il ne soit pas im-