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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/133

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du Chev. Grandisson.

culier ; mais c’est encore un secret pour moi. Nous devons prendre nos habits chez elle, & partir de là en chaise à Porteurs. Elle se charge de tout. Vous saurez, ma chere Lucie, sous quelle forme je dois paroître, lorsque j’en serai informée moi-même.

Le Baronet est venu aussi, pendant que j’étois chez Miss Clemer : il n’a vu que Mr Reves, avec lequel il a passé près d’un quart d’heure. Son air étoit sombre, son humeur chagrine ; Mr Reves l’a trouvé tout différent de ce qu’il l’a vu jusqu’aujourd’hui. Il ne lui est point échappé un sourire. Oui, non, est tout ce qui est sorti de ses lévres, avec quelques invectives néanmoins contre les femmes. Maudit sexe ! a-t-il répété plus d’une fois. Il est bien étrange, dit-il, qu’un homme ne puisse être heureux avec les femmes, ni sans elles. À peine a-t-il prononcé mon nom. À la fin, Mr Reves l’ayant un peu raillé sur sa mauvaise humeur, il a pris le parti de se retirer, pour ne se pas donner en spectacle plus long-tems. Ses Laquais & son Cocher ne s’en sont pas mieux trouvés. Il les a querellés sans raison. Il est parti en jurant contr’eux, avec de grandes menaces. Que demande cet homme-là ? Pourquoi prendre Mr Reves pour l’objet de ses caprices ? Mais qu’il ne soit plus question de lui, ni de rien, jusqu’à ma premiere Lettre.