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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/138

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Histoire

Monsieur, que souhaitez-vous de plus ? Apprenez-moi, Mademoiselle, si vous avez du dégoût pour le mariage. Quel droit avez-vous, Monsieur, de me faire cette question ? Dites, chere miss, est-ce un état où vous ayez dessein d’entrer ? Peut-être, Monsieur ; si je rencontre un homme à qui je puisse donner entierement mon cœur. Eh ! ne puis-je l’être, cet heureux homme ? J’implore votre bonté, Mademoiselle ! Je l’implore à vos pieds ! La vie ne m’est rien sans vous ! Et le fier personnage s’est jetté à genoux devant moi, les mains serrées l’une contre l’autre, & les yeux attachés sur les miens.

Quoique ces spectacles ne manquent point de causer quelque émotion, quelle différence, ma chere, de celle que j’avois sentie en voyant Sir Rowland dans la même posture ! Il m’a paru clairement que c’étoit un rôle prémédité. Que ne m’a-t-il pas dit néanmoins pendant plus d’un quart-d’heure, sans vouloir quitter sa situation, sans me permettre de sortir de la mienne ? Je me suis vue forcée de lui répéter une partie de mes anciennes réponses. J’aurois souhaité de pouvoir le congédier civilement. Mais il ne m’en a pas laissé le pouvoir. Tout humilié qu’il étoit, le langage de sa passion, & ses prieres mêmes, étoient mêlées de menaces indirectes. Enfin, j’ai senti la nécessité de lui déclarer que je ne recevrois plus ses visites. Il m’a représenté que je le mettois au