Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
du Chev. Grandisson.

LETTRE XVI.

M. Selby à M. Reves.

Samedi, 18 Février.

Oh ! M. Reves, la pauvre chere Enfant ! La fleur de l’Univers ! Comment voulez-vous qu’une si terrible nouvelle ne sorte pas de mon sein ? Quel moyen de cacher ma consternation ! Ma femme s’en est apperçue. Elle en a voulu savoir la cause. Je n’ai pu lui raconter cette fatale aventure. Hélas oui, fatale ! Sa Grand-Mere n’y survivra pas un moment. Nous la lui cacherons le plus long-tems qu’il sera possible. Mais comment la lui cacher. Et c’est donc véritablement que notre chere Fille a disparu ! Oh ! Monsieur, Monsieur Reves.

J’ai donné votre Lettre à ma Femme. Elle s’est évanouie avant que de l’avoir achevée. On m’avoit toujours représenté les Mascarades comme une extravagance, plutôt qu’une dépravation ; mais je suis convaincu à présent que c’est le plus détestable de tous les amusemens.

Vous êtes hors de vous même, Monsieur, & ce n’est pas sans raison. Qui de nous sera plus capable de se modérer ? Chere, chere Enfant ! Que n’a-t-elle peut-être pas déja souffert ? Mais devions-nous permettre qu’elle