Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
du Chev. Grandisson.

moindre mal à sa Maîtresse, & je lui ai demandé où il falloit envoyer. Elle m’a dit qu’elle n’en savoit rien, & je n’ai pu tirer un mot de plus. Figurez-vous mon transport. Je lui ai offert une assez grosse somme, pour m’apprendre seulement ce qu’elle savoit de Bagenhall, & de ceux qui employoient son Frere. Elle a juré qu’elle ne diroit rien, sans savoir auparavant s’il y avoit quelque danger pour sa vie. Que faire, lorsque cet entretien même s’étoit passé sans témoin ?

Je me suis hâté de retourner au logis, pour m’informer de ce qui pouvoit être arrivé dans mon absence : mais je reverrai bientôt cette femme, & j’aurai deux Amis avec moi, dans l’espérance qu’il lui échappera quelques mots dont nous pourrons tirer avantage. Pendant tous ces délais, quel est peut-être le sort de notre chere Enfant ! Je ne puis soutenir mes propres craintes. Mylady Williams est dans une affliction inexprimable. J’ai dépêché un homme à cheval, à un Ami que j’ai à Reading, pour être mieux informé du caractere de ce Bagenhall. Dieu sait quel en sera le fruit. Le Chevalier Allestris nous assure que ce nom ne lui est pas inconnu, qu’il croit Bagenhall un homme livré aux plaisirs… Mais que dire de Wilson ? L’Infâme ne pouvoit vivre, comme il a eu le front de le dire ici, avec un Maître qui se retiroit trop tard, & dont la vie étoit dérangée. L’habile Fourbe !