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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/227

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du Chev. Grandisson.

m’est égal ; & le dernier seroit le plus utile à mes vues. Miss, donnez les ordres, dit-il à la jeune fille. Elle sortit avec une chandelle à la main. Pendant son absence, il appela un de ses Laquais, qui parut avec un manteau rouge sous le bras. Le Barbare Maître prit le manteau entre ses mains, & renvoya tous ses gens, après leur avoir nommé leurs postes. Ma chere vie, me dit-il alors, avec un sourire dans lequel je crus remarquer un air insultant, vous êtes maîtresse de votre sort, si vous ne faites difficulté de rien. Il jetta le manteau autour de moi. Je m’abandonnai aux larmes & aux prieres les plus touchantes. Je voulus me jeter à ses genoux. Mais le Tigre, comme M. Greville l’a nommé justement, ne fit aucune attention à moi. Il tourna tous ses soins à m’envelopper dans le manteau ; & me traînant par la main, il me força de le suivre jusqu’à la porte de la rue. J’y étois attendue par un carrosse à six chevaux, & la fille aînée étoit sur le seuil avec sa chandelle. Je la conjurai d’aider à me retenir. J’appelai à haute voix sa Mere & sa Sœur. Je demandai en grace qu’il me fût permis de dire quatre mots seulement à la Mere. Mis il ne parut personne ; & malgré mes prieres, mes efforts, & toute ma résistance, je fus enlevée dans la voiture.

Je remarquai plusieurs hommes à cheval, entre lesquels je crus reconnoître mon infâme Wilson ; & la suite prouva que je ne m’étois pas trompée. Sir Hargrave lui dit,