Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
du Chev. Grandisson.

À la vérité, il me faisoit quelquefois des excuses, de la dureté à laquelle il se prétendoit forcé par mon invincible obstination. Le grand malheur pour moi, me disoit-il, de devenir la femme d’un homme tel que lui ! Il faut vous y résoudre, répéta-t-il plusieurs fois, ou à quelque chose de pis. Toute votre résistance est vaine, & le Ciel me punisse si je ne suis pas vangé de l’embarras que vous me causez ! Vous ne gardez pas de mesures avec moi, Miss Byron : que je meure si j’en garde avec vous ! Je ne doutois pas de sa méchanceté. Son amour n’avoit aucune tendresse. Comment aurois-je pu consentir, par la moindre complaisance, à des traitemens si barbares ? & de la part d’un homme si odieux ! Quelle bassesse auroit été la mienne, si j’avois été capable d’une lâche composition, c’est-à-dire, d’oublier ce que je me devois à moi-même ?

Dans un autre lieu, où je crus reconnoître par le mouvement du carrosse, que nous marchions dans un chemin rude & inégal, il quitta mes mains, pour me demander la paix, & pour m’offrir de me laisser la vue libre, pendant le reste de la route, si je voulois cesser de crier. Mais je lui déclarai que je ne donnerois pas cette espèce d’approbation à ses violences. La voiture ne laissa point de s’arrêter. Un de ses gens parut à la portiere, & mit entre les mains de son Maître un petit panier, qui contenoit quelques rafraîchissemens. Je fus vivement sollicitée