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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/233

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du Chev. Grandisson.

rendu la vie odieuse, ajoutai-je ; je me prête volontiers à tout ce qui peut en hâter la fin. Deux ruisseaux de larmes couloient sur mes joues. Je me sentois réellement défaillir. L’impitoyable Tiran remit le mouchoir sur ma bouche & sur mes yeux. Il m’enveloppa dans le manteau avec de nouvelles précautions. Il reprit mes deux mains dans les siennes ; & je souffris tout sans la moindre résistance.

Le carosse n’avoit pas marché plus d’un quart d’heure, lorsqu’il fut arrêté par une dispute entre le Cocher de Sir Hargrave, & celui d’une autre voiture à six chevaux. Dans l’état où j’étois, je ne pus deviner tout d’un coup d’où venoit le bruit : mais Sir Hargrave ayant mis la tête à la portiere, je trouvai le moyen de dégager une de mes mains. J’entendis la voix d’un homme qui donnoit ordre à son Cocher de faire passage. Aussitôt, de la main que j’avois libre, j’écartai le mouchoir de ma bouche, je le levai de dessus mes yeux, & je criai de toute ma force, au secours, au secours ! La même voix, qui se trouva heureusement celle de mon Libérateur, défendit au Cocher de Sir Hargrave d’avancer ; & Sir Hargrave lui commanda, au contraire, avec des juremens & des imprécations terribles, de toucher malgré toutes les oppositions. L’Étranger, parlant alors à mon Ravisseur, le nomma par son nom, & lui reprocha de s’être engagé dans une mauvaise entreprise. Ce Mi-