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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/235

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du Chev. Grandisson.

le péril présent étoit le seul qui m’occupoit.

Vous concevrez mieux que je ne puis l’exprimer, la terreur dont je fus saisie, lorsque Sir Hargrave, ayant tiré l’épée, en poussa un coup terrible à mon Défenseur, avec des termes qui dûrent me faire juger que le coup avoit porté ; car le passage étoit fermé à ma vue de ce côté là. Mais aussi, lorsque je vis mon Tiran enlevé par une main victorieuse, & jetté hors de la portiere avec tant de force, que la voiture en trembla, je fus prête à m’évanouir de joie, comme j’avois failli de mourir de terreur. Je m’étois dégagée du manteau, & j’avois délié le mouchoir. Sir Charles Grandisson me prit dans ses bras & me porta dans son carosse ; je n’étois point en état de marcher. Les juremens, les imprécations & les menaces de Sir Hargrave se faisoient entendre. Ne le craignez plus, me dit Sir Charles ; ne faites pas d’attention à lui, Mademoiselle. Il recommanda au Cocher de prendre garde à son Maître, qui étoit embarrassé sous une roue de derriere ; & m’ayant placée dans son carosse, il en ferma aussi-tôt la portiere sur moi. Son occupation, pendant quelques momens, fut d’observer les lieux autour de nous. Ensuite, ayant chargé un de ses gens d’apprendre à Sir Hargrave qui il étoit, il revint à moi.

Il me trouva au fond du carosse, où j’étois tombée sans le savoir, autant de foiblesse que d’épouvante. Il me releva. Il s’ef-