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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/236

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Histoire

força de me rassurer, avec la tendresse d’un Frere ; & s’asseiant près de moi, il donna ordre à son Cocher de retourner à Colnebroke. La curiosité ne lui fit faire aucune question ; mais, pour relever mes esprits, il me dit, du ton le plus obligeant, qu’il alloit me confier aux soins d’une de ses Sœurs, dont il me garantissoit la prudence & la vertu ; après quoi il continueroit son voyage à Londres. Quelle douceur ne trouvai-je point, dans la route, à me voir soutenue par un de ses bras, en comparaison de ceux du perfide Hargrave !

Mr Reves vous a fait le portrait de la divine Sœur. Ô ma chere Lucie ! ce sont deux anges.

Vous ne vous plaindrez point que je ne vous aie pas fait un assez long détail de mes infortunes & de ma délivrance. Je vous promets d’autres explications sur cet excellent Frere & sur sa Sœur, lorsque mes forces seront un peu rafermies. Mais que vous dirai-je de ma reconnoissance ? J’en suis si pénétrée, que devant eux elle ne peut s’exprimer que par mon silence. Mes regards néanmoins servent d’interpretes à mon cœur. Le respect se mêle à la reconnoissance. Cependant, il y a quelque chose de si doux, de si aisé, dans les manieres de l’un & de l’autre ! Ô chere Lucie ! si je ne sentois pas que ma vénération est égale pour la Sœur & pour le Frere ; si je ne trouvois pas, après toutes mes réflexions, que cette aimable