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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/237

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du Chev. Grandisson.

Sœur m’est devenue aussi chere par la tendresse de ses soins, que son Frere par l’heureux effet de son courage, qui emporte, comme vous le jugez bien, un peu de crainte avec l’estime ; en un mot, que j’aime la Sœur, & que je revere le Frere ; je vous avoue que je serois effrayée de ma reconnoissance.

Ma Lettre devient trop longue, & je me sens fatiguée d’avoir écrit si long-tems. Ô mes chers Amis ! mes chers Parens ! C’est à vos ardentes prieres, à votre incomparable affection, que j’attribue le bonheur de ma délivrance. Peut-être ne le méritois-je pas, après la témérité qui m’a conduite au plus ridicule de tous les spectacles, vêtue comme une Folle, que j’ai dû paroître, & volontairement exposée à toutes les suites de mon aveugle imprudence ! Combien de fois, pendant le cours de ma disgrace, & même après son heureuse fin, n’ai-je pas tourné les yeux sur moi, & ne les ai-je pas détournés, avec une honte & un dégoût qui n’ont pas été la plus légere partie de ma punition ! Aussi, ma chere, ai-je dit adieu aux Mascarades pour jamais.

Il me semble que cette fâcheuse avanture ne doit être communiquée à personne, sans une véritable nécessité. Que sur-tout Mr Greville & Mr Fenwick n’en soient point informés. Il n’y a que trop d’apparence qu’ils chercheroient Sir Hargrave, particulierement Mr Greville, ne fût-ce que dans