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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/270

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Histoire

À Miss Byron.
Londres, 25 Février.
Mademoiselle,

« Vous avez pu juger aisément qu’après le violent outrage que Sir Hargrave Pollexfen a reçu de Sir Charles Grandisson, une affaire de cette nature ne demeureroit point sans suites. Je vous jure, par tout ce qu’il y a de sacré, que Sir Hargrave ne sait pas que j’ai l’honneur de vous écrire. Dans toutes mes réflexions, je ne trouve qu’une seule voie pour éviter l’effusion du sang ; & cette voie, Mademoiselle, est entre vos mains. Sir Hargrave proteste qu’il n’a jamais eu pour vous que d’honorables intentions. Vous savez quel usage il a fait du pouvoir qu’il a eu sur vous. S’il s’est conduit avec indécence, il ne me dit point la vérité. Une jeune personne, de quelque mérite qu’elle soit, à laquelle un homme de condition offre, avec sa main, dix mille livres sterling de rente, sur-tout après lui avoir entendu déclarer qu’elle a le cœur absolument libre, ne doit pas se croire offensée ; & celui que l’amour porte à prendre des mesures violentes pour en faire sa femme, lui fait moins de tort qu’il ne s’en fait à lui-même.