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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/281

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du Chev. Grandisson.

quelque trouble dans une famille, que tant de raisons m’obligeoient de chérir & de respecter. Les deux charmantes Sœurs ont attribué ma reconnoissance à la bonté de mon naturel, & m’ont dit que leur Frere, qui leur avoit promis de les suivre avec Mylord L…, donneroit un meilleur nom lui-même à l’occasion qu’il avoit eue de me servir. Mais nous ne les attendrons pas pour déjeuner, a continué Miss Grandisson ; Mylady s’est levée avant son heure, & je ne suis jamais demeurée la derniere au lit. La faim me presse ; je ne suis pas d’humeur à manger mes gants : & s’approchant de mon clavecin, sous prétexte de faire diversion à son appétit, elle en a remué les touches avec une habileté qui nous a fait assez connoître qu’elle sait leur faire parler le langage qui lui plaît. Le déjeûner est venu. Mais je m’en suis moins occupée que de cette affreuse Lettre de Bagenhall, dont j’avois le cœur oppressé. Comme je ne pouvois être sûre que Sir Charles n’eût pas de fortes raisons pour cacher cette affaire à ses Sœurs, je ne voulois pas en parler ouvertement ; & j’aurois souhaité néanmoins d’apprendre quelque chose qui pût aider à me calmer l’esprit, en lui laissant la liberté de s’ouvrir à ses deux Sœurs, lorsqu’il le jugeroit à propos. Dans l’embarras où j’étois pour commencer, j’ai demandé à Mylady si ce n’étoit pas Samedi dernier qu’elle étoit arrivée au Château de Colnebroke, cette maison qui me seroit