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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/290

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Histoire

Avez-vous des Ennemis, qui seroient charmés de voir avancer la fin de vos jours ? Que ces considérations ayent le poids qu’elles doivent avoir sur votre esprit. Elles en ont toujours eu sur le mien. Je suis de sang froid. Peut-être ne l’êtes-vous point. Dans une occasion de cette nature, c’est le devoir de celui qui se possede, d’ouvrir à l’autre les voies de la réflexion. Il n’en sera néanmoins que ce qu’il vous plait.

Mais permettez que je vous fasse une autre question : si vous vous croyez offensé, est-il prudent de me donner l’occasion de vous faire peut-être une bien plus grande injure ?

Vous étiez engagé dans une entreprise qui blessoit toutes les Loix. Si vous ne sentez point que dans le même cas vous eussiez dû faire ce que j’ai fait, croyez-moi, Monsieur, vous n’êtes pas l’homme d’honneur avec lequel celui qui ambitionne ce titre doive être jaloux de se mesurer. Je n’ai pris, contre vous, aucun avantage dont vous puissiez me faire un reproche. Vous avez tiré l’épée. Je n’ai pas fait usage de la mienne. Souvenez-vous que n’ayant pas quitté votre voiture, cette situation vous étoit peu favorable ; & qu’après le coup que vous m’avez porté, vous devez quelques remercimens à ma modération. Je n’aurois pas été fâché de pouvoir donner le secours qu’on me demandoit, sans vous causer tout le mal dont vous vous plaignez. Mais on ne peut