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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/295

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du Chev. Grandisson.

riage de Sir Charles rendra malheureuses, soit à Cantorbery ou dans d’autres lieux, il n’y en a pas une pour laquelle il ait plus d’affection que pour l’autre.

Miss Grandisson nous a proposé, à M. & Madame Reves & à moi, un dîner pour Mercredi prochain, & nous l’avons accepté avec joie. La Comtesse a paru fort contente de moi, quoique dans l’agitation où j’étois, je doive avoir fait une figure assez triste pendant tout le cours de cette visite. Ne vous êtes-vous pas attendue à trouver son portrait & celui de son mari dans cette Lettre, comme je suis accoutumée à vous faire celui de toutes mes nouvelles connoissances ? Je vous le dois sans doute ; mais je ne sais si je suis en état de l’entreprendre. En vérité, chere Lucie, tout ce qui m’est arrivé depuis quinze jours m’a si fort humiliée, que je crois avoir perdu ce feu qui animoit mon cœur & ma plume.

Mylady est plus âgée d’un an que Sir Charles : mais elle a, dans les traits, toute la douceur & la délicatesse qui font les plus aimables physionomies ; on la croiroit de deux ou trois ans plus jeune. Elle est grande, & d’une taille légere ; il y a quelque chose de plus vif & de plus noble dans l’air & les traits de Miss Grandisson que dans les siens ; mais la complaisance & la bonté, qui sont répandues sur son visage, inspirent pour elle plus de confiance & de penchant que pour sa Sœur. On est sûr d’aimer l’une à la