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Histoire

premiere vue. L’autre, on est comme prêt à lui demander la permission de l’aimer ; & prêt à s’y engager, si elle le vouloit ; & cependant, qu’elle y consente ou non, il est impossible de s’en défendre. Tout le monde parle de Mylady L… avec autant de respect que d’affection. Tout le monde vante sa discretion & sa prudence. Miss Grandisson, dont le caractere est beaucoup plus libre, n’obtient pas toujours l’approbation qu’elle mérite ; & satisfaite du témoignage de son cœur, elle se met au-dessus de l’opinion d’autrui.

Mylord L… sans pouvoir passer pour un bel homme, est d’une figure très-agréable. La bonté paroît peinte dans ses yeux, avec un air de sens & d’honnêteté, qui le fait respecter. Il est tout ce que ses yeux annoncent ; obligeant, sage, généreux, en un mot un vrai Noble de l’ancien tems.

On m’a promis toute l’Histoire des deux familles, avec celle des amours de Mylord & de Mylady, & des obligations qu’ils ont à leur Frere, dont ils parlent sans cesse, & pour lequel ils ont une tendre déférence qui éclate jusques dans leurs regards. Que penser de ce Frere ? A-t-il donc le secret de s’établir des droits sur la reconnoissance de tous ceux qui ont quelque rapport à lui ? Je meurs d’impatience de me trouver seule avec Miss Grandisson, & de découvrir, peut-être, dans quelque intime entretien, par quel art il engage tout le monde à lui