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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/307

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du Chev. Grandisson.

êtes tous amoureux de cet excellent homme, & parler de M. Dasson, & de tous les éloges qu’il fait de lui ? Vous auriez dû me déclarer, au contraire, que si ma reconnoissance se change en amour, vous ne me le pardonnerez jamais. J’aurois le devoir alors, pour m’aider à vaincre une passion dont il paroît que le succès vous alarme.

Fort bien. Il ne me reste donc plus que la fuite pour me défendre. On m’exhorte à retourner promptement en Northampton-Shire, soit pour y commencer un nouveau Traité avec Mylord…, soit pour donner des espérances à quelque ancien Amant. Pauvre Henriette Byron ! As-tu donc besoin d’un remede si pressant ? Et c’est ta Tante Selby qui te donne ce conseil ? Mais ne peut-on se promettre que Sir Charles te prendra aussi en pitié ? Te verra-t-il abymée dans une si forte passion, sans t’offrir une main secourable ? Ho non ! Avec les obligations que tu lui as, peux-tu t’attendre de lui en avoir encore plus ? Et peut-il faire en effet, plus qu’il a déjà fait pour toi ?

Mais qu’il me soit permis du moins d’essayer mes forces. Je ne me crois pas aussi malade qu’on paroît se le figurer. Je veux courir les risques du dîner de demain, & si je me reconnois trop foible pour continuer de faire face, je pourrai suivre le charitable avis qu’on me donne. Je fuirai, plutôt que de grossir le nombre de ces malheureuses