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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/308

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Histoire

femmes qui soupirent peut être depuis long-tems pour le meilleur des hommes. Mais, dans cette supposition même, c’est-à-dire, si je prenois le parti d’aller chercher de la protection sous vos aîles, j’espere qu’il ne me sera point absolument nécessaire d’allumer une nouvelle flamme pour éteindre une autre idée. L’amitié de M. Orme me sera toujours précieuse, mais je me sens plus éloignée que jamais de penser à lui sous un autre titre.

À l’égard des propositions de Mylady D…, elles ne demandent pas un moment de réflexion. Vous savez, ma très-chere Tante, que je ne suis point encore rejetée par l’homme dont vous êtes tous amoureux. Mais, s’il faut m’expliquer sérieusement, j’avouerai que sans me croire plus loin que la reconnoissance, qui est à la vérité un lien fort puissant, j’ai pour tous les autres hommes, non-seulement l’indifférence que j’ai toujours eue, mais une sorte de dégoût ; & si je connois mon propre cœur, il me semble que j’aimerois mieux passer une heure de chaque semaine avec Sir Charles & Miss Grandisson, que de me voir la femme d’aucun des hommes que j’ai vus ou connus jusqu’aujourd’hui. Si cette disposition se changeoit tôt ou tard en amour, & si je me trouvois abymée dans une passion sans espoir, mon objet seroit Sir Charles. Je suis sûre qu’il n’en prendroit pas droit de