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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/309

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du Chev. Grandisson.

m’insulter ; & tout humiliant qu’est le terme de pitié, je préférerois la sienne à l’amour de tout autre homme.

Vous aurez donc, ma chere Tante, la bonté de répondre à Mylady D…, que je suis extrêmement sensible à l’opinion qu’elle a de moi ; que l’estime dont elle m’honore devient une raison qui m’intéresse au bonheur de son Fils, & que sans croire l’égalité de fortune absolument nécessaire à la félicité de l’état conjugal, je suis persuadée que c’est une circonstance qui mérite de n’être pas négligée. Mais vous savez mieux que moi, Madame, quel tour il convient de donner à votre réponse, après cette explication de mes sentimens. Je vous assure qu’ils sont tels que je viens de les déclarer, & que j’aurois du mépris pour moi-même, si j’étois capable de tenir un honnête homme en suspens, tandis que je balancerois en faveur d’un autre.

Je crains, Madame, que cette Lettre ne vous paroisse un peu trop libre. Mais je n’ai pas le cœur & l’esprit tranquilles. Tous ces hommes ne me causent que du chagrin, l’un après l’autre. Sir Hargrave y est venu mettre le comble ; & si je n’en avois tiré l’avantage de connoître le meilleur de ce sexe, je crois que je me serois déterminé à n’en voir jamais aucun, du moins pour l’entendre un seul moment sur un sujet qui m’est devenu insupportable par la haine que