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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/331

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du Chev. Grandisson.

qu’il l’aime & qu’il le craint presqu’également. Il ajoute même qu’il donneroit le monde entier, s’il en étoit le Maître, pour ressembler parfaitement à Sir Charles.

Mais il est tems de finir une Lettre qui deviendroit trop longue, sans être plus ennuyeuse, si j’entrois dans le détail de tous les discours. D’ailleurs le silence que M. Reves s’obstine à garder sur la visite de ce Bagenhall, ne me laisse pas l’esprit tranquille. Je suis d’autant plus inquiete, qu’il me le paroît beaucoup lui-même. Il attend sans doute quelque nouvelle explication, dont il espere du soulagement ; mais comment puis-je être assurée qu’elle n’augmentera pas sa peine ? Je ne comprends pas pourquoi nos Amis nous laissent ignorer ce qui nous intéresse plus qu’eux. Si c’est leur tendresse qui les porte à cette réserve, ils devroient songer que dans une occasion de cette nature, elle cause autant de chagrin qu’on en peut craindre de la plus nette ouverture, sans compter, ma chere, que cette discrétion affectée suppose tant de force d’esprit dans celui qui fait le mystérieux, & tant de foiblesse au contraire dans ceux à qui on cache les événemens !… mais je deviens impertinente, & je ferai mieux de chercher du remede à mon impatience dans le repos du sommeil.