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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/403

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du Chev. Grandisson.

dont les hommes se font honneur pour notre sexe, & que les Dames Grandisson, en vous traitant de Sœur, n’entendent par ce nom que la Sœur de leur Frere, comme la leur.

On fera ce récit à la Comtesse, sous les plus étroites loix du secret. Alors elle connoîtra le fond de la vérité. Elle en portera le jugement qu’elle doit pour elle-même. Vous ne paroîtrez coupable à ses yeux d’aucune affectation. Nous soutiendrons tous notre caractere. Si Mylady L… & Miss Grandisson, comme vous le supposez, ont déclaré à la Comtesse que les vues de leur Frere ne paroissent pas tournées sur vous, il se trouvera qu’elles ont dit la vérité, & vous savez, ma chere, que nous devons rendre justice à la bonne foi d’autrui comme à la nôtre. Elle verra que votre considération pour Sir Charles, si ce sentiment lui paroît un obstacle à son projet, vient d’une louable reconnoissance pour la protection qu’il a donnée généreusement à une jeune Fille, dont le cœur étoit absolument libre avant cet événement.

Je ne sais si je m’explique avec assez de clarté. Je ne suis plus ce que j’étois, mais je remercie le Ciel d’être encore ce que je suis ; je ne me serois pas crue capable de faire une si longue Lettre en si peu de tems. Aussi, ma chere Henriette en est le sujet, & son honneur a toujours fait mon unique soin, depuis que j’ai perdu le compagnon de ma jeunesse, le cher Mari qui partageoit avec moi ce soin & tous les autres, qui avoit pour