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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/404

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Histoire

vous la même tendresse que moi, & qui vous donneroit aujourd’hui les mêmes conseils. Qu’auroit pensé M. Sherley ? Comment se seroit-il conduit dans cette occasion ? Ce sont les questions que je me fais toujours avant que de donner mon opinion sur une affaire importante, particuliérement lorsqu’il est question de vous.

Je veux louer ici un de vos sentimens que j’ai trouvé digne de la Pupille de votre Grand-Pere. « Je n’aurois que du mépris pour moi-même, dites-vous dans une de vos Lettres, si j’étois capable de tenir un homme en suspens, tandis que je balancerois en faveur d’un autre. »

Charmante Fille ! Tenez-vous ferme à vos principes, quelque sort que le Ciel vous destine. Considérez ce monde dans le point de vue sous lequel on vous l’a tant de fois présenté. J’ai vécu long-tems ; cependant lorsque je regarde en arriere jusqu’au tems de ma jeunesse, où les espérances & les craintes qui vous agitent aujourd’hui ne m’étoient point étrangeres, que l’espace me semble court ! Si je souhaite que ma carriere soit prolongée, c’est pour voir les délices de mon cœur, ma chere Orpheline, heureuse sous la protection d’un honnête homme. Oh ! plût au Ciel que ce fût sous celle… Mais, est-ce à nous, ma chere, d’imposer des loix à la Providence ? Savons-nous quelles sont ses vues sur Sir Charles Grandisson ? Oui, le bonheur de mille autres y