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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/65

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gne point, je ne dirai rien qui puisse lui causer de l’embarras. Si sa voix répond à tout le reste, je m’attends que ce sera toute harmonie. Le son de sa voix, entendez-vous Mr Reves ? me fait juger du cœur, de l’ame & du caractere de ce sexe. C’est une découverte que je ne dois qu’à moi-même. Rentrons, rentrons, je vous en supplie.

Ils s’étoient si peu éloignés de la porte, que nous avions entendu assez distinctement ce prélude. Ils reprirent leurs chaises, après quelques excuses que Sir Roland crut nous devoir, pour avoir pris Mr Reves à l’écart. Ici, ma chere, ne comptez pas que je puisse me rappeler une des plus singulieres conversations qui furent jamais. Les questions du vieux Gentilhomme, les bons mots de son Ami, les fines plaisanteries de sa Province, les expressions de sa tendresse pour son Neveu & de son admiration pour moi, nous formerent une scene à laquelle je ne puis rien comparer. Il voulut savoir si mes affections n’étoient pas engagées, & je lui répondis naturellement qu’elles ne l’étoient pas. Il jugea que mon âge ne devoit pas passer seize ans, & j’eus beaucoup de peine à lui persuader que j’approchois de vingt ; alors il se reprocha de n’avoir pas remarqué qu’avec tant de bonnes qualités, je ne pouvois avoir moins de vingt ans : mais lorsqu’à l’occasion de son Neveu, j’eus ajouté que mon dessein étoit de ne me ma-