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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/70

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à une personne de son sexe. L’étrange créature ! Mais voyez, ma chere, ce que les Femmes gagnent à sortir de leur caractere. Telles que les Chauvesouris de la Fable, elles passent pour des êtres d’une espèce ambiguë, qui n’est avouée par aucun des deux sexes, & qui fait la raillerie de l’un & de l’autre.

C’étoit toute la compagnie que Mylady Williams attendoit avec nous. Mais à peine les premiers complimens étoient finis, que Mylady ayant été priée de sortir une moment, est revenue accompagnée d’un Homme de fort bonne mine, qu’elle nous a présenté sous le nom du Chevalier Hargrave Pollexfen. Tandis qu’il saluoit l’Assemblée, avec beaucoup de grace, elle a pris un moment pour me dire à l’oreille que c’étoit un Baronet des plus riches d’Angleterre, par l’héritage qu’il a fait depuis peu du bien d’une Grand-mere & de deux Oncles, qui l’étoient extraordinairement. Lorsqu’il m’a été présenté sous son nom, & moi à lui sous le mien, il m’a fait un compliment très-civil sur ma réputation, & sur le bonheur qu’il avoit de paroître devant moi. Il avoit fort entendu parler, a-t-il ajouté, du mérite qu’on m’attribue ; mais il ne s’attendoit point à trouver les éloges si fort au-dessous de la vérité. Miss Ancillon s’est rengorgée, a fait jouer son éventail, & m’a paru piquée de n’avoir pas reçu les premieres marques de son attention. J’ai cru