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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/73

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une recommandation auprès des femmes. Miss Ancillon, l’entendant louer par Mylady Williams pendant qu’il avoit le dos tourné, a dit qu’il avoit les plus beaux yeux qu’elle eût jamais vus dans un homme, des yeux mâles, pleins d’expression. Il s’énonce facilement ; mais cette volubilité paroît plutôt tenir de ce qu’il ne doute de rien, que d’un fond extraordinaire de bonnes idées. Cependant il passe pour homme d’esprit ; & s’il pouvoit gagner sur lui de penser un peu plus & de parler moins, il auroit peut-être plus de droit à l’estime dont il paroît se croire un peu trop sûr. Comme il n’hésite jamais, & qu’il excite à rire en riant le premier de ce qu’il va dire ou de ce qu’il a dit, il s’est fait une réputation d’homme infiniment agréable, parmi ceux qui aiment à noyer la réflexion dans la gayeté.

Il paroît que Sir Hargrave a voyagé ; mais il doit avoir emporté avec lui un étrange nombre de folies & beaucoup d’affectation, s’il en a laissé une partie dans ses courses. Il est porté sur-tout à juger désavantageusement d’une femme, lorsqu’il est parvenu à lui arracher quelques marques de goût pour ses plaisanteries. Vous saurez bientôt comment je suis informée de ce trait, & de quelques autres qui ne valent pas mieux.

Le goût présent de la Nation étant pour la parure, il n’est pas surprenant qu’un homme tel que Sir Hargrave, cherche à s’y distinguer. Que peut-on faire de trop pour sa