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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/89

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du Chev. Grandisson.

vous vous l’imaginez, pour nous faire comprendre de quelle distinction les Merediths sont dans le pays de Caermarthen. Le Chevalier en a pris occasion de nous faire le récit d’un entretien qu’il eut un jour avec feu Mylord Mansell, dans lequel ce brave Seigneur le félicita de l’avantage qu’il avoit de jouir d’un revenu clair & net de trois mille livres sterling, en belles terres, sans parler de beaucoup d’argent comptant, dont le même Seigneur supposoit qu’il employeroit une partie à faire élire son Neveu, Membre du Parlement pour le Comté ; mais il nous a répété aussi la sage réponse qu’il fit à ce compliment : ce n’étoit pas son dessein ; & le goût de ces élections, qui ont ruiné quantité de bonnes familles, ne valoit pas mieux à son avis que la passion du jeu.

Ce détail amusant nous ayant conduit fort loin, le Chevalier crut nous avoir fait prendre une assez haute idée de ses richesses & de sa considération. Il s’est approché, après avoir fait signe des yeux à M. Fouler de sortir un moment. Alors il a commencé à m’étaler toutes les bonnes qualités de son Neveu. Il m’a déclaré la vive passion qu’il a conçue pour moi. Il m’a suppliée d’encourager par mes bontés un jeune homme si digne de moi, si bien élevé, si noble, dont il veut faire son unique héritier, & pour lequel il est résolu de faire, à ma considération, ce que dans toute sa vie il ne feroit pas en faveur de toute autre femme.