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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/119

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du Chev. Grandisson.

dans cette occasion, je sentois ma supériorité. Je pris sa main, telle qu’il me l’offroit ; mais avec un peu de pitié pour son air contraint, & pour un mouvement dans lequel je ne reconnus pas les graces, dont tout ce qu’il fait & ce qu’il dit est toujours accompagné. L’Évêque m’embrassa. Votre modération, me dit-il, vous fait toujours triompher. Ô Chevalier ! vous êtes un Prince de la création du Tout-Puissant. Mon cher Jeronimo s’essuya les yeux, & me tendit les bras pour m’embrasser. Le Général me dit : je serai à Naples dans huit jours. Je suis trop touché des malheurs de ma Famille, pour me conduire comme je le devrois peut-être dans cette occasion. En vérité, Grandisson, il est difficile à ceux qui souffrent d’allier toutes les vertus au même dégré. Oui, cher Comte, lui repondis-je, & je ne l’éprouve que trop. Mes espérances, qui avoient pris un si glorieux essor, s’évanouissent aujourd’hui & ne laissent que le désespoir à leur place.

Je puis donc vous attendre à Naples ? interrompit-il ; apparemment pour éloigner toutes ces idées.

Vous le pouvez, Monsieur ; mais je vous demande une faveur dans l’intervalle ; c’est de traiter avec douceur votre chere Clémentine : que ne puis-je dire la mienne ! Et permettez-moi de vous demander une autre grace, qui ne regarde que moi ; c’est de l’informer que j’ai pris congé de toute votre