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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/149

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du Chev. Grandisson.

par éloigner Camille, qu’elle accusoit d’une excessive indulgence. Elle mit à sa place, auprès de Clémentine, une autre femme, nommée Laura, plus propre à seconder ses desseins. Vous saurez bientôt avec quelle barbarie elles l’ont traitée. La signora Daurana, Fille de Madame de Sforce, eut l’imprudence de s’en vanter, dans quelques Lettres, en faisant un mérite à sa Mere d’avoir été plus heureuse dans le choix des méthodes ; & Madame Bemont, qui étoit alors assez bien pour ne pas perdre de vue son Amie, reçut les informations suivantes du Directeur même, que la Marquise avoit prié de les prendre dans un voyage qu’il fit à Milan.

Il ne fut pas peu surpris de la difficulté qu’on fit d’abord de lui laisser voir Clémentine ; mais insistant au nom de sa Mere, il la trouva dans un abattement extrême, & dans une véritable terreur, craignant de parler, n’osant lever les yeux devant sa Cousine, & semblant desirer néanmoins de se plaindre. Il en marqua son étonnement à Daurana. Elle lui répondit que c’étoit la meilleure voie ; que les Médecins étoient de cet avis ; qu’à son arrivée Clémentine ne parloit que du Chevalier, & de l’entrevue qu’elle désiroit avec lui, mais qu’on l’avoit déja mise au point de ne plus prononcer son nom. Que ne doit-elle pas avoir souffert, reprit le Directeur, pour devenir capable de cette soumission ? Soyez sans inquiétude